5 mots à connaître pour sentir un parfum
Vous est-il déjà arrivé.e d’entrer dans une parfumerie et de vous sentir mal à l’aise à l’idée de parler de parfum ? C’est tout à fait normal. La culture du parfum est un domaine qui impressionne et dévisage ceux qui s’y intéressent. Pourtant, il suffit parfois de parler simplement la même langue.
Voici 5 mots à connaître pour nourrir votre vocabulaire et ne plus être gêné.e à l’idée de parler « parfum ».
Bonne lecture 💌
Matières Premières
En parfumerie, on parle plutôt de “matière première” que “d’ingrédient”. Une matière première, c’est tout simplement un composant dans un parfum, comme la farine dans le pain. C’est la matière olfactive brute qu’elle soit naturelle ou synthétique. L’huile essentielle de Citron d’Italie est une matière première, comme le cis-3-hexenal qui est la molécule responsable de l’odeur de l’herbe coupée.
On parlera plus facilement de matière première dans le cas d’un élément naturel, et de molécule dans le cas d’une odeur de synthèse ou d’une molécule présente en grande partie dans une matière première naturelle : la vanilline dans la vanille ou l’eugénol dans le clou de girofle.
Il est essentiel de rappeler que toutes les matières premières sont composées de molécules chimiques. Soient elles sont présentes dans la nature, à l’état naturel donc, soient elles sont reconstituées en laboratoire par des parfumeurs analystes qui vont chimiquement reproduire des odeurs pour plusieurs raisons : le coût bien sûr (certaines matières premières et selon les cultures vont être onéreuses comme l’iris par exemple), la réglementation (lorsque les matières premières naturelles sont trop allergènes comme la mousse de chêne), l’éthique (les muscs étaient originairement des matières premières animales et sont aujourd’hui reconstituées), l’impossibilité d’extraire une matière première naturelle (comme le muguet qui est une fleur muette ou certains fruits) ou pour imaginer des odeurs de la nature (l’eau grâce à des notes aquatiques et minérales ou l’orchidée qui n’a pas d’odeur).
Notes olfactives et facettes
Les « notes olfactives » - ou « notes » tout court - permettent de décrire une odeur. Ce sont les différentes subtilités odorantes que l’on sent dans un accord, une matière première ou un parfum.
Comme une musique se compose de notes musicales par exemple. En musique, on parlera de notes de guitare, graves et suaves, notes de piano, jazz et aigues… en parfumerie, on utilisera sensiblement le même vocabulaire que l’on empruntera aux autres sens et que l’on rapportera à ce que l’on sent : notes florales fraiches et rosées, notes boisées rondes et chaudes, notes agrumes, zestées, vives et vertes, entre autres.
Les facettes, comme les notes, sont une expression technique pour qualifier et décrire un parfum, une composition odorante, un accord olfactif. On peut dire par exemple que parmi les fleurs, on retrouve des notes florales blanches, opulentes, avec des facettes légèrement épicées et animales.
Accords
Un accord en parfumerie est l’assemblage de notes olfactives entre elles qui sont harmonieuses au nez, mais c’est aussi purement l’association de deux matières premières travaillées ensemble pour créer une nouvelle odeur, jamais associées auparavant. Ici, par exemple, on se rapproche de la cuisine qui associera des saveurs entre elles qu’on n’a pas l’habitude d’associer mais qui pourtant se marient bien, par exemple : chocolat-sauge.
Un accord peut être classique : on sait que ces deux notes / ces deux saveurs fonctionnent ensemble. Mais il est en général créé pour être original, différent : travailler un accord farine associé à de la fleur d’oranger.
Familles olfactives
Les familles olfactives sont l’outil de référence pour classer les parfums. En effet, dans les métiers de la parfumerie, les parfums sont regroupés selon leur signature olfactive, c’est-à-dire selon les matières premières majoritairement utilisées pour le composer (fleur, bois, cuir…) ou selon le schéma de parfum utilisé (Cologne, fougère, oriental…).
Un schéma de parfum est une composition olfactive respectant un accord de matières premières à un certain dosage. Une famille olfactive ou un schéma de parfum peut être créée de 0 grâce à l’invention d’un nouvel accord : la fougère ou les orientaux par exemple ont été inventées par des parfumeurs. Ces schémas de parfum sont restés parce qu’ils ont rencontré un public, parce que l’usage et le temps en ont fait des références en parfumerie.
Aujourd’hui, la classification communément établie par la SFP (Société Française des Parfumeurs) qui est également celle recommandée par Elisabeth de Feydeau, docteur en histoire, écrivain et experte en parfums, dans son livre « Les Parfums, histoire, anthologie et dictionnaire », est au nombre de 7 familles : hespéridée, florale, fougère, chyprée, boisée, ambrée (ou orientale), cuirée.
Tête-coeur-fond
La notion de tête-cœur-fond, appelée aussi « pyramide olfactive », est un outil marketing pour refléter la composition d’un parfum. C’est également un outil utilisé dans le métier de la parfumerie pour aider à la formulation et à la description d’un parfum avec les équipes techniques et créatives. Ce qui différencie la tête, le cœur et le fond est le temps qui passe.
Les notes de têtes sont celles qui ont le plus d’impact « en tête », donc les notes que l’on sentira tout de suite au nez, dès la première « olfaction ». Ces notes sont les plus volatiles, c’est-à-dire qu’elles ne durent pas dans le temps, mais elles marquent le coup et participent à l’intensité du parfum. Elles durent quelques secondes à quelques minutes.
Les notes de cœur et de fond sont aussi présentes dès le départ mais elles ne sont révélées qu’au fur et à mesure du temps, lorsque les notes de tête s’évaporent et disparaissent. Elles font l’âme du parfum et la signature du parfum.
Les notes de cœur sont olfactivement reconnaissables au bout de quelques minutes ou dizaines de minutes, et durent plusieurs heures. Elles donnent du corps au parfum. Elles poursuivent le travail de l’intensité des notes de tête, tout en contribuant à la signature, c’est-à-dire au sillage qu’on laisse derrière soi.
Les notes de fond sont les plus silencieuses, sur la réserve, mais ce sont elles qui durent le plus longtemps : ce sont les notes que l’on sent à la fin de la journée, sur sa peau ou ses vêtements, qui peuvent durer plusieurs jours. C’est le véritable sillage du parfum avant qu’il ne s’évapore totalement.
Les notes « tête-cœur-fond » sont toutes les notes que l’on sentira dans un parfum plus ou moins intensément dès le début et au fur et à mesure du temps.
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Les fleurs
Les fleurs sont l’une des plus importantes familles olfactives traditionnelles en parfumerie fine. Et elles ne sont pas réservées qu’aux petites filles ou aux vieilles dames.
LES FLEURS EN PARFUMERIE TRAINENT DERRIERE ELLES UNE IMAGE FÉMININE, UN PEU PRÉCIEUSE, ROULANT DES EPAULES ENTRE DEUX BORDS : LE NIAN-NIAN ROMANTIQUE ET L’EXCES D’EROTISME. MAIS LES PARFUMS DES FLEURS SONT BIEN PLUS QUE CA. CHEZ BONTEMPS, ON APPRÉCIE LEUR FORCE DE CARACTERE ET LEUR CÔTÉ FAUSSEMENT SAGE, LEUR FINESSE ET LEUR PUISSANTE COMPLEXITE, CAPABLES DE COLORER LA PLUS INFIME DES EMOTIONS.
Les fleurs sont l’une des plus importantes familles olfactives traditionnelles en parfumerie fine.
On ose considérer, chez Bontemps, que les fleurs sont à la fois un groupe de matières premières, mais aussi un schéma olfactif de parfums, que l’on appelle les « floraux », composés en bouquet - plusieurs odeurs de fleurs - ou en soliflore - une seule odeur de fleur.
Allons explorer les odeurs de ces fleurs comme nous les voyons chez Bontemps Paris.
AGENDA DES FLEURS
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AGENDA DES FLEURS •
LES ODEURS FLORALES : QU’EST-CE QUE ÇA SENT ?
Dès lors que l’on pense à un parfum de fleurs, il nous vient assez facilement à l’esprit celui des fleurs particulièrement connues, comme celle de la rose, du muguet ou du jasmin. Parce qu’elles dégagent naturellement leurs odeurs somptueuses dans l’air, il est facile de se rappeler de ces odeurs que l’on sent au détour d’un vase, d’une rue ou d’un jardin. Les odeurs de fleurs sont ainsi celles que l’on côtoie au quotidien, qui nous touche un jour ordinaire, comme ça : les fleurs sur les étals des fleuristes, les bouquets que l’on s’offre ou que l’on reçoit, les arbustes odorants comme la glycine, le lilas ou le mimosa qui diffusent leurs odeurs enivrantes sans un bruit lorsque l’on passe devant…
Comme pour les autres familles olfactives, la question est difficile de dire ce que sent une odeur florale puisqu’il n’en existe pas une seule, mais plusieurs. En parfumerie fine, les professionnels ont tendance à qualifier une odeur florale en nommant directement la matière première la plus représentative de ce type d’odeur : la rose, la tubéreuse, l’iris. Les odeurs florales peuvent être classées par « composante », c’est-à-dire par groupe de fleur, parce qu’elles sont parfois proches les unes des autres en fonction de la sensation olfactive qu’on en tire. Chez Bontemps, nous tentons d’approcher ce que sentent les différentes odeurs florales par “ressentis”.
LES FLEURS MUETTES
Parfois, il arrive que certaines fleurs sentent et diffusent leur parfum dans l’air et que nous soyons incapable de capturer son odeur. C’est ce qu’on appelle les « fleurs muettes ». C’est le cas du muguet par exemple, dont on sent universellement son odeur fraîche et végétale mais au moment de passer à la distillation, cette sorte de jacuzzi brulant sensé récupérer les molécules odorantes sous forme d’huile, le muguet reste muet et son parfum est absent. Pourquoi ? Parce que la fleur est souvent bien trop fragile pour supporter les hautes températures des méthodes d’extraction traditionnelles de la distillation. Dans ce cas, l’odeur est souvent reconstituée au nez par les parfumeurs en analysant les molécules qui la compose. De nouvelles méthodes innovantes pour extraire ces odeurs muettes existent et se développent, mais elles ne sont pas toujours accessibles, et parfois, cette extraction coute plus chère que sa recomposition moléculaire.
QUELS SENTIMENTS NOUS FONT RESSENTIR LES ODEURS DES FLEURS ?
Bien sûr, le sentiment automatique attribué à la fleur est soit celui de la féminité et du romantisme ou celui, à l’opposé, de la féminité et de la sensualité à la limite du charnel et de la sexualité. Mais, si l’on écoute son ressenti en expérimentant soi-même l’odeur des fleurs, la palette des émotions et des sentiments qu’elles peuvent nous transmettre est bien plus large. Il y a, on ne va pas s’en cacher, un sentiment de romantisme, de douceur, un peu bohème qui relève d’une harmonie, d’une grâce, ou quelque chose de cet ordre-là. La fleur est un parfum en soi. Son odeur peut être d’une puissante complexité olfactive. C’est pour cela qu’en parfumerie fine, la fleur prend autant de place, qu’elle est si importante, qu’on la place sous les projecteurs. Son pouvoir odorant est capable de traverser le temps, les continents et le cœur des gens.
Il suffit de passer à côté d’un jasmin en fleurs, le soir, dans un parc, d’approcher un champ de roses pour s’enticher de leur parfum divin ou de ramasser quelques brins de muguet début mai dans les forêts, pour se rendre compte de ce pouvoir qu’ont ces parfums sur nous. Parce que c’est bien ça. On est touché dans l’âme. Les sentiments des parfums de fleurs sont ainsi multiples compte-tenu de la pléthore de fleurs qui fleurissent sur Terre. Selon leur profile odorant, les fleurs seront friandes de transmettre des ressentis de fraîcheur, de gourmandise parfois qui rappelle le sucre des fruits ou celui du miel, de finesse et de délicatesse, d’intensité animale tellement puissante qu’un sentiment de rebutement peut surgir.
Mais celui qui domine tous les autres est certainement le sentiment puissant du plaisir : cette attraction spontanée à mettre son nez au creux des pétales, à sentir encore et encore leur parfum leur donnant un charme fou. On est comme transportés, éblouis, un brin penauds et chanceux à la fois.
LES 5 GRANDES COMPOSANTES D’ODEURS DE FLEUR EN PARFUMERIE FINE
Parce qu’une seule odeur florale n’existe pas, il est judicieux de répartir les parfums des fleurs en différents types d’odeurs. En effet, la palette florale est si large, et surtout, elle abrite des profils d’odeurs si singuliers. Pour approcher les odeurs de fleurs, il est donc tout à fait approprié de parler de ses composantes, appelées « sous-famille » dans les maisons de composition, le lieu où tous les plus grands parfums qui se retrouvent sur nos étagères sont créés.
Chez Bontemps Paris, nous avons regroupé les odeurs florales en 5 composantes, avec leur ressenti, de façon à approcher au plus près de ce qu’elles sentent :
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Le parfum de rose est si inclassable qu’il est une classe en lui-même. Pourquoi nous direz-vous ? Parce qu’il n’existe pas d’autres profils lui ressemblant. En effet, le côté « rosé » est souvent représenté par la rose, autrement dit, la reine des fleurs. Le pouvoir de la rose couvre un nuancier odorant très large : elle est pleine de fraicheur comme la rosée du matin, fruitée, parfois liquoreuse, miellée, épicée, animale, boisée, avec un sous-ton de légume un peu artichaut, lui donnant un caractère parfois vieillot. Mais associée à d’autres matières, la rose est un parfum extraordinaire.
Cependant, il n’y a pas que la rose qui puisse olfactivement offrir un effet « rosé », c’est-à-dire frais, floral, végétal, féminin et typiquement l’odeur de rose. Il y a aussi la pivoine et le géranium qu’on oublie souvent. La pivoine est considérée comme plus moderne que la rose, car plus légère, moins lourde, plus fruitée et moins légume. Le géranium est une fleur rappelant également sous certains aspects des odeurs rosées, qui seront cependant plus fraiches, astringentes, végétales et aromatiques.
En parfumerie fine, on utilise essentiellement deux qualités de rose différentes : la rose damascena et la rose centifolia.
Pour en savoir plus sur la rose, c’est ici.
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Les fleurs blanches sont appelées ainsi du fait de la couleur de leurs pétales mais aussi de leur profile olfactif commun. Le parfum des fleurs blanches a ce côté angélique et charnel à la fois : il baigne dans une innocence, une pureté florale, légère, douce, chaleureuse, une pointe de gourmandise juteuse et fruitée, une fraicheur végétale ou poudrée, jusqu’à ce qu’on fasse ressortir son caractère animal, cuiré, carrément entêtant.
Le top 3 des fleurs blanches en parfumerie fine réunit le jasmin, la tubéreuse et la fleur d’oranger. Puis nous avons, bien évidemment, le gardénia, le magnolia, le lys, le muguet, le chèvrefeuille, le seringa et bien d’autres.
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Les fleurs solaires sont dénommées ainsi tout bonnement parce qu’elles « sentent le soleil ». Mais que cela peut-il bien dire ? On associe en général les fleurs solaires à un sentiment de légèreté, un aspect lumineux, riche, chaud et rond à la fois, qui rappellent la crème solaire, la plage, le côté enivrant des fleurs exotiques et tropicales, aux facettes fruités de noix de coco ou de banane, de gourmandise par leur aspect crémeux, baumé et enveloppant.
Les 2 fleurs qui rappellent le soleil et le monoï sont l’ylang et la fleur de frangipanier – souvent appelée « plumeria » dans le monde du parfum, plus communément connue sous le nom de « fleur de tiaré ». On associe ces fleurs en général aux fleurs blanches, qui peuvent aussi, dans leur sous-tons rappeler l’odeur du soleil comme le jasmin.
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On nomme ces fleurs sous l’adjectif « poudré » parce qu’elles nous rappellent les odeurs de maquillage : la poudre de teint, le fard à joue et les fards à paupières, le bâton de rouge à lèvres… Ces produits sont en général parfumés à la violette et leur usage a fait que l’on associe certains parfums de fleurs au maquillage. Par poudré, on entend ce côté qui relève de la poudre et du fard en lui-même, du côté irisé et nacré, doux dans cette image de pompon, propre et féminin.
Les 3 fleurs à l’aspect poudré, rappelant l’odeur du maquillage et des produits de beauté, sont l’iris, la violette et le mimosa.
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Certaines fleurs sont plus acérées, brutes et fraîches, des odeurs à la croisée entre la fleur, l’herbe aromatique, les épices et le bois. Leur parfum végétal, astringent, parfois piquant et amer font que ces fleurs sont culturellement employées autant dans les parfums féminins que masculins. Elles diffusent une fraicheur remarquable aussi bien qu’une complexité étonnante par leurs facettes parfois animales, épicées, rugueuses, boisées, aux sous-tons de foin et de tabac.
Les 4 fleurs aromatiques et épicées les plus importantes en parfumerie fine sont la lavande, l’immortelle, la camomille et le narcisse.
nota bene
En parfumerie, en général “l’ingrédient” est plutôt nommé “matière première”. Une matière première, c’est tout simplement un composant dans un parfum, comme la farine dans le pain.
7 FLEURS INCONTOURNABLES A CONNAITRE EN PARFUMERIE FINE
LA ROSE
L’IRIS
Voici une sélection que nous avons faites chez Bontemps Paris, des 7 fleurs incontournables de la parfumerie fine :
La rose • Le jasmin • La tubéreuse • La fleur d’oranger • L’ylang • L’iris • La lavande
LA LAVANDE
LA FLEUR D’ORANGER
LES PARFUMS FLORAUX : QUAND ET QUI PEUT LES PORTER ?
QUAND LES PORTER ?
En général, lorsque l’on porte un parfum, on reste assez fidèle aux saisons. Ainsi, la rose ou les fleurs blanches peuvent-être portées toute saison, quand les fleurs jaunes ou les fleurs solaires seront plus cohérentes à porter l’été. Il n’y a pas vraiment de règle. En vérité, tout dépendra de la composition olfactive finale, des réactions entre les odeurs dans la formule, de leur quantité, ainsi que de la typicité de la racine qui diffusera des facettes olfactives différentes selon la fleur sélectionnée.
QUI PEUT LES PORTER ?
Les parfums composés à base d’odeurs florales sont culturellement attribués aux femmes, depuis le début de la parfumerie moderne et de la publicité à partir des années 50, nous transmettant cette image depuis plusieurs générations. Cependant, les temps changent, et ce postulat, bien qu’ancré dans notre inconscient collectif, tend à être obsolète.
En effet, de nombreuses fleurs, sans forcément le dire, sont habituellement utilisées dans la composition de parfums masculins, comme la lavande, l’iris, le géranium et quelques fleurs blanches. Certaines fleurs tendent à être de plus en plus associées à un profile plus unisexe. C’est le cas de Dior Homme, qui fait la part belle à un accord iris, quand L’Homme à la Rose de Maison Francis Kurkdjian rend hommage à cette fleur en lui insufflant une dose de masculinité, et plus anciennement, les after-shave étaient principalement composés à base de lavande, de géranium, de fleurs aromatiques et de fleurs blanches. Tout dépendra du dosage de la composition florale dans le jus : si la composante florale est dominante ou si elle vient en complément nourrir la signature principale du parfum. Parce qu’un parfum est une composition dont les odeurs se questionnent et se répondent entre elles.
Chez Bontemps Paris, nous considérons que tout le monde peut porter des parfums floraux car la question se situe finalement ici : jusqu’à quel point aimez-vous les notes florales ? Et quel est le type d’odeur florale qui vous touche instinctivement ?
Ceci dit, n’oubliez pas l’essentiel, soyez à l’écoute du sentiment que vous ressentez lorsque vous portez un parfum sur votre peau. Si ce sentiment vous correspond en cet instant de vie, que vous vous sentez bien, alors la réponse est simple : portez-le.
CHEZ BONTEMPS, LA FLEUR D'ORANGER A L'HONNEUR DANS "AMOUREUX DU TEMPS"
Dans “Amoureux du temps”, on convoque un sentiment qui se trouve quelque part entre la douceur de vivre et la nostalgie. Il ressemblerait à une gourmandise mi-douce, mi-amère, d’une brioche ensoleillée au parfum de fleur d’oranger. C’est un sentiment assis au bord de la mer, au goût de reviens-y, qu’on partage en tête-à-tête avec un être cher - ou soi-même, et qui invite à savourer l’instant.
Il y a la fraicheur du bord de mer, avec son “petit vent” méditerranéen, qu’on a été chercher dans l’odeur des agrumes à l’acidité toute douce, en particulier les huiles essentielles de Bergamote et de Mandarine d’Italie, toutes deux venues de la région de Calabre, renommée pour être le meilleur terroir pour les cultiver.
Pour donner du corps à cette fraicheur, ce sont les notes bourgeonnantes et toutes crues de l’huile essentielle de Néroli cultivée en Tunisie (ou l’huile essentielle de Fleur d’Oranger Bigaradier) qu’on vient mélanger à son absolu. L’absolu de Fleur d’Oranger Bigaradier est une qualité différente, dont l’odeur, charnue, entière et généreuse, est extraite d’une façon tout à fait remarquable. Ici, on vient réchauffer la signature à la manière des rayons du soleil qui scintillent sur la mer.
La douceur de vivre se termine en délice. C’est l’appel d’une gourmandise clandestine qu’on dégaine sans culpabilité face à l’horizon, si possible en bonne compagnie. On a puisé l’inspiration dans cette typique brioche méditerranéenne non sucrée, à la fleur d’oranger, dénommée “Fougassette” - nous avons créé un accord original, mêlant la Fleur d’Oranger bien évidemment, un accord “farine” composé d’huile essentielle de Cèdre de Virginie et de notes céréales et de blé concassé, pour finir par une touche vanillée toute en légèreté.
2 façons de sentir un parfum
Il existe, dans le cas de la parfumerie fine, deux façons de sentir un parfum : sur papier et sur peau. Créer un parfum, c’est l’art d’assembler des odeurs. Voici concrètement, comment nous sentons ces assemblages.
Créer et travailler un parfum, c’est l’art de manier et d’assembler des odeurs.
L’assemblage prend la forme d’une formule, comme une recette avec ses ingrédients (on utilisera plutôt le mot « matières premières » en parfumerie) et leur dosage. Les formules de parfum sont ensuite pesées en laboratoire, où sont conservées les matières premières, et prennent la forme de petites fioles que l’on appelle « essais ».
Mais concrètement, comment sentons-nous le résultat de cet assemblage, de ces « essais » ?
Il existe, dans le cas de la parfumerie fine, deux façons de sentir un parfum : sur papier et sur peau.
Bonne lecture 💌
AGENDA
Sentir un parfum sur papier
Il existe, dans le cas de la parfumerie fine, deux façons de sentir : sur papier - celui-ci s’amuse à prendre tantôt le nom de « touche à parfum », « touche à sentir » ou encore « mouillette » pour les intimes - et sur peau. Dans ce paragraphe, il est question de cette fameuse mouillette.
La mouillette est au parfumeur, ce que le stylo (ou le clavier) est à l’écrivain. En plus du nez et de la palette d’ingrédients, la mouillette est l’outil indispensable pour sentir, évaluer, analyser, comparer et travailler un parfum dans les moindres détails olfactifs.
Ces mouillettes sont fabriquées à partir d’un papier tout à fait spécial. En effet, nous ne pouvons pas utiliser n’importe quel papier qui traîne. Le papier utilisé est un papier haut de gamme en fibres longues, que l’on nomme « papier buvard » permettant de capturer l’odeur entre ses fibres et de restituer fidèlement les fragrances grâce à son ph neutre.
On dispose ensuite ces mouillettes entre les doigts, de manière à créer un bel éventail dans la main. Les mouillettes sont suffisamment espacées pour que les odeurs ne se mélangent pas et que chaque parfum s'exprime dans son propre espace.
Ces mouillettes finissent leur journée sur un porte-mouillettes - objet tout à fait utile lorsqu’elles sont nombreuses – pour être par la suite recyclées. Les préférées et les plus utilisées par les parfumeurs et les métiers de la parfumerie sont souvent celles qui sont larges à bout rond.
Sentir un parfum sur peau
La deuxième façon de sentir un parfum en parfumerie fine s'expérimente sur un support complètement différent du papier, celui de la peau.
La peau est littéralement là où le parfum finira sa vie, là où il sera vaporisé in fine. La peau est un support olfactif vivant qui rend l’aventure de création encore plus exaltante, précise et minutieuse.
C’est là, dans le grain de la peau, selon qu’elle soit acide ou peu, selon ce que nous avons mangé, selon que nous soyons femme ou homme, âgé ou jeune, que le parfum se déploie, prend du galon, s’exprime à sa façon, s’accompli et diffuse autour de lui sa signature ou s’entête et retombe comme un soufflé.
Sentir un parfum sur peau demande d’avoir des gens prêts à la prêter pour que les parfumeurs puissent évaluer leur parfum dans des conditions réelles, véritables. Les différents essais sont en général vaporisés sur la peau à l’intérieur du bras par 3 ou 4 maximum, et sont disposés à l’aveugle, à l’aide de gommettes colorées. A tour de rôle, le parfum et tous les experts olfactifs sentent sur la peau les différents essais sans savoir quel parfum correspond à quelle gommette.
La peau pourra confirmer la direction olfactive et la faire progresser vers plus de sillage, de gérer l’impact olfactif au contact de la peau, de polir les dosages et les équilibres. Et parfois, de supprimer et de remettre en question tout un travail fait jusque-là.
Si la mouillette est neutre, la peau, elle, vient colorer avec son unicité l’œuvre olfactive.
Travailler un parfum sans le sentir sur la peau, c’est rester en terrain conquis. Car oui, il existe autant de parfums différents qu’il existe de peau unique. La peau provoque, questionne, écoute, interrompt et dialogue avec ce que le parfum a à dire.
Le jeu d’équilibre peau-papier et la question du temps
Composer et développer un parfum relève d’un travail des plus exigeants.
En effet, il faut savoir qu’un parfum ne sent pas pareil sur mouillette, sur peau, dès qu’on l’a vaporisé ou 5 minutes plus tard, au bout de deux heures et à la fin de la journée. Le parfum est vivant, il change et se déploie de façon différente sur chaque support et à chaque instant.
C’est donc un travail intense et de toutes les concentrations : un parfum peut être absolument génial sur mouillette, et finalement il devient silencieux, « trop ci » ou « pas assez ça ». Un parfum qui n’était pas favori sur mouillette peut être follement surprenant sur la peau. Et au bout de 5 minutes, cela peut complètement changer, comme à la fin de la journée. Le travail est, lui aussi, vivant, changeant et instable durant les phases de développement.
Au quotidien, le parfumeur compose, évalue et affine ses essais au quotidien grâce à la mouillette. Une fois satisfait de l’équilibre du parfum, le parfumeur et tous les experts olfactifs avec lesquels il travaille font passer une sélection d’essais parfumés, comme un casting, à l’épreuve de la peau.
La peau intervient souvent dans un deuxième temps, lorsque le parfum est suffisamment « mature » dans sa réflexion, c’est-à-dire que la structure olfactive est là et que les grandes directions olfactives sur papier ont été prises.
Le parfumeur, pour certains projets, porte lui-même sur sa peau, le parfum qu’il développe. En effet, cela lui permet de vivre avec le parfum tout au long de la journée ou de la soirée pour l’évaluer et pouvoir le retravailler le lendemain à partir de son propre vécu avec le parfum. Mais c’est un luxe qu’il n’est pas toujours possible de réaliser car la réalité pour de nombreux parfumeurs est qu’ils travaillent sur de multiples projets en même temps.
Composer un parfum est un travail de grande minutie olfactive qui se fait chaque jour, pendant plusieurs semaines, mois ou années, en de multiples essais, à l’aveugle et au nez en usant de gommettes colorées, pour trouver une signature aboutie et un équilibre parfait sur la peau.
Comment nous avons fait chez Bontemps Paris
Chez Bontemps, nous avons développé nos propres mouillettes personnalisées avec Scentis, le spécialiste Grassois des touches à sentir, fabriquées au cœur du pays de Grasse à partir d’un papier de haute qualité, aux fibres longues pour capturer l’essence du parfum et au PH neutre pour restituer fidèlement l’odeur. Un papier certifié FSC que nous avons souhaité garder dans son aspect brut.
Puis, nous avons senti et travaillé, avec joie et sérieux à la fois, depuis un an et tous les jours, nos parfums, sur papier et sur notre propre peau, pour qu’ils soient un délice à porter, avec leur propre touche de caractère.
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Quelle est la différence entre odorat et olfaction ?
Ceci est un voyage au cœur du sens olfactif. Voici nos conseils accompagné d’un lexique simple pour mettre à nue la complexité qui habille ces mots.
Ceci est un voyage au cœur du sens olfactif.
Comment parler de parfum sans revenir aux sources, sans évoquer ce qui fait notre passion du métier de parfumeur ou d’amateur de parfum : sentir.
Sentir, sans omettre tous les mots satellites qui gravitent autour de ces six lettres : le sens olfactif, l’odorat, l’olfaction, les familles olfactives, les parfums, les odeurs, les effluves, les essences, les molécules odorantes et autres corps odoriférants.
Chez Bontemps, nous sommes guidés par une mission simple qui nous tient terriblement à coeur, celle de partager une parfumerie de passion et de transmettre les mots du parfum.
Voici nos conseils accompagné d’un lexique simple pour mettre à nue la complexité qui habille ce verbe, en espérant vous donner les repères pour cheminer dans le monde du parfum, dans une allure aussi curieuse que joyeuse.
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Le sens de l’odorat ou le sens de l’olfaction ?
Mettons fin à tout désir de suspens : la différence entre odorat et olfaction ? Il n’y en a pas vraiment.
C’est simplement une question de langage, ce sont deux mots qui signifient la même chose, au fond.
Mais, pour les métiers de la parfumerie, sans doute existe-t-il une légère différence tout à fait subtile entre les deux.
Nous dirions que l’odorat est ni plus ni moins le sens relié au nez. Comme la vue est reliée aux yeux, l’ouïe à l’oreille, le goût à la bouche et le toucher à la main.
Peut-être est-ce une perception inconsciente, ou sans doute quelque chose de culturel dans le milieu du parfum, mais l’olfaction serait différente, un cran au-dessus. L’olfaction est un métier. C’est sentir. C’est un savoir-faire. C’est littéralement une mission, un travail, une tâche à faire.
Olfaction, odorat, odeur : petit lexique autour des mots du parfum
Histoire de partir sur des bases en bonne et due forme, voici un lexique simplifié autour du sens de l’olfaction, sans prétentions.
Faites-y un tour à votre convenance, glisser dans les mots du parfum à l'envie.
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Fait référence au concentré alcoolique dans lequel est conservé le parfum, composé de plusieurs matières premières
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Synonyme d’odeur
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Catégorie regroupant un ensemble d’odeurs ou de parfums qui se ressemblent pour se repérer et en faciliter la description
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Liquide composé d’odeurs qui s’échappent dans l’air, qui est en général extrait d’un corps végétal, d’une plante, d’un arbre, d’une fleur
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Organe, cette partie du corps qui permet le sens de l’odorat
Il est aussi le nom qui évoque le métier de parfumeur
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L’un des 5 sens parmi le gout, la vue, le toucher et l’ouïe
L’olfaction ou l’odorat est le sens qui permet de percevoir les odeurs
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Synonyme d’olfaction
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Manifestation invisible et éphémère qui se déplace dans l’air, comme un gaz, et qui se perçoit par le sens olfactif, les organes de l’odorat, comme le nez
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Un parfum est une odeur qui se compose de plusieurs molécules odorantes naturellement émises par une plante, un animal, un environnement
Un parfum peut aussi être composé par la main de l’Homme en mélangeant plusieurs matières premières et molécules odorantes pour créer une harmonie olfactive que l’on porte sur la peau, que l’on vaporise dans l’air ou que l’on ajoute dans tout autre support pour que « ça sente bon » (lessive, déodorant, gel douche, litière, produits ménagers…)
L’olfaction : un vrai métier en parfumerie
« Est-ce que tu es disponible pour qu’on sente dans 5 minutes ? »
« Non, je sens déjà avec Lucette ! »
(sans jugements, c’est vrai que les anciens prénoms sont tendances, mais c’est le premier à être sorti du clavier).
En général, l’olfaction est au cœur de plusieurs métiers, c’est un sens qui relie les gens entre eux. Parce qu’au fond, la parfumerie, c’est un peu comme la gastronomie. Les métiers s’articulent autour d’un sens, l’odorat pour le premier, le goût pour le second.
Comme le goût, l’odorat ou l’olfaction est une expérience personnelle puisque chacun sent avec son nez, mais c’est un véritable ballet qui se fait à plusieurs.
En gastronomie, il y a les cuisiniers, les chefs, les commis, les agriculteurs et cultivateurs, les marchés, les restaurants, les critiques, les photographes, les écrivains, les commerciaux et les marketeurs, les journalistes, les passionnés du goût… Et les clients.
En parfumerie, c’est finalement pareil, sauf que les noms des métiers ne sont pas les mêmes, et que le sens est différent. Il y a les parfumeurs-créateurs, les évaluateurs, les parfumeurs-analystes, les chimistes, les fermiers et cultivateurs, les distributeurs, les boutiques, les critiques, les photographes, les écrivains, les commerciaux et les marketeurs, les journalistes, les passionnés de l’odorat… Et les clients.
« On se voit tout à l’heure en réunion olfaction. »
« Tu as senti les derniers essais ? T’en penses quoi ? »
« Tiens, sens et dis-moi ce que tu en penses. »
Dans cette scène, les gens s’activent autour d’un attirail de petites fioles, de mouillettes (ou touches de papier à sentir), de papier et de stylo ou d’ordinateur – et oui, il y a deux écoles, comme dans la plupart des métiers.
On sent un essai de parfum comme on débouche une bouteille de vin. D’abord, on se retrouve autour de la table. Sur cette table, différents essais, comme différents vins. On les ouvre en retirant le bouchon – pour un vin on débouche, pour un parfum on dévisse.
Ensuite, on prend plusieurs mouillettes que l’on vient tremper dans le jus de cette petite fiole pour imbiber le papier d’odeurs, comme on verserait un peu de vin dans chaque verre de dégustation.
Puis, chacun prend une mouillette dans sa main, et l’apporte à son nez pour sentir. Comme chacun prendrai son verre de vin et commencerai par sentir puis goûter. Un silence religieux s’installe quelques secondes.
D'un coup, c’est l’échange. Comme une discussion animée entre amis.
Et c’est aussi plaisant que de déguster un verre de vin – bon ou mauvais, peu importe. Car le principal, c'est bien de se réunir ensemble, autour de ce qu'on aime pour sentir, pour déguster, pour partager, pour comprendre et finalement, pour se reconnecter et ressentir des émotions.
Pour en savoir plus sur le savoir-faire de l’olfaction, on se retrouve avec la sensibilité et la générosité de Florian Gallo, parfumeur-créateur dans l’une des plus exigeantes maisons de composition, dsm-firmenich.
CHEZ BONTEMPS, NOUS VOULONS PRENDRE LE PARFUM PAR LES SENTIMENTS
Si le parfum pouvait parler, si nous pouvions le goûter, nous aimerions qu’il nous raconte ses odeurs simplement, avec le coeur. Bontemps est né de l’envie de partager une parfumerie de passion - des créateurs aux fabricants - et de transmettre son langage de façon humble et vraie.
Nous voulons mettre des mots sur le parfum qui soient plus parlants qu’une matière première, plus universels et donc plus proches de vous.
Nous voulons explorer la palette des sentiments avec lesquels nous pourrions rendre accessible le langage des odeurs, si complexe et impalpable.
Transmettre « ce que ça sent » par les émotions, les sentiments, les sensations et les ressentis, pour vous aider à mieux comprendre le parfum et goûter au plaisir de sentir.
3 livres indispensables pour la rentrée
Voici notre sélection des 3 livres indispensables pour la rentrée, pour une savoureuse mise en bouche de mots et d’histoires passionnantes sur le parfum.
Chez Bontemps Paris, nous nous délectons autant des odeurs sur peau que des mots sur papier.
Nous avons créé “La minute Librairie” dont l’ambition n’est autre que celle d’inspirer ou de nourrir votre bibliothèque personnelle autour des odeurs et du parfum. Bien sûr, ces recommandations sont une proposition tout à fait personnelle, selon ce qui nous touche.
Voici notre sélection des 3 livres indispensables pour la rentrée, pour une savoureuse mise en bouche de mots et d’histoires passionnantes sur la parfumerie.
Bonne lecture 💌
AGENDA
Petit lexique des amateurs épris d’odeurs et de parfums
Le “Petit lexique des amateurs épris d’odeurs et de parfums” a été publié aux éditions Actes Sud et écrit par Jean-Claude Ellena et Lionel Paillès, le premier maître parfumeur, le second journaliste et écrivain, tous deux renommés, aussi experts que fous amoureux des mots et des odeurs.
L’avant-propos est une brillante mise en bouche de ce qui suivra c’est-à-dire “un jeu de mots, d’émotions et d’odeurs” qui nous emmène au plus près d’une matière, puis au beau milieu de ce que signifie le beau ou de ce qu’est une chromatographie (il n’est pas question ici d’un test médical), mais aussi de la peau, de l’amour, de l’ivresse, de Paris, de Grasse, de la Guerlinade, de Jean Giono et d’Alain Souchon.
A dévorer 🌞
Les Parfums : histoire, anthologie, dictionnaire
“Les Parfums : histoire, anthologie, dictionnaire” aux éditions Bouquins et Robert Laffont par l’auteur, professeur, docteur en histoire et experte de la parfumerie Elisabeth de Feydeau, avec le soutien de dsm-Firmenich, l'une des plus exigentes maisons de composition de parfums, est à considérer comme un investissement pour la vie et au-delà.
Ici, il est question d’un savoir infini sur la parfumerie à savourer, préserver, partager et transmettre. Il est l’outil pour se référer à un mot précis, comme le partenaire qu’on convoque un dimanche après-midi pour une lecture bien choisie.
Les pages sont aussi fines que des feuilles de cigarette, à tourner d'un geste délicat.
Une Histoire de Parfums, 1880-2020
La bible ultime pour la rentrée, à offrir ou s’offrir, est “Une Histoire de Parfums, 1880-2020” de la collection Nez Culture paru chez Nez écrit par Yohan Cervi, auteur, critique et conférencier spécialiste de l’histoire de la parfumerie moderne, en collacobration avec des grands noms et acteurs du parfum.
Comprendre la parfumerie d’aujourd’hui depuis la Belle Epoque, à travers ses grands succès, sous le plus authentique des regards : celui de la vie qui s’est écoulée, entre événements heureux ou dramatiques, sculptant ainsi les époques, dont on éprouve une certaine nostalgie une fois qu’elles sont passées.
La promesse d’un voyage olfactif dans le temps qui nous fait l’effet d’avoir des coeurs dans les yeux 🤗
LA MINUTE LIBRAIRIE
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Comment parler d’un parfum ?
Comment trouver les mots pour exprimer ce que ça sent ? Voici tous nos humbles conseils pour affiner son sens de l’odorat.
Parler d’un parfum peut être un art intimidant faisant rougir les joues les plus pâles, mais en réalité, c’est une affaire délicieuse.
En tant qu’amateur ou novice intéressé, parler d’un parfum relève souvent, sinon toujours, d’une aventure tumultueuse.
Si bien que l’image venant illustrer cette sensation pourrait se décrire ainsi : la solitude qui flirte avec la gêne lorsque notre nez se met à sentir, que notre corps ressent et que notre bouche s’entrouvre, totalement muette, face aux mots qui ne viennent pas.
Jusqu’à ce que quelqu’un trouve le mot juste, nous délivrant du silence et nous entraînant vers l’automatique réaction « oui c’est ça, maintenant que tu le dis ».
© Chacoco, Charlotte Chauvin
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LE VRAI SECRET POUR PARLER D’UN PARFUM
Dévoilons d’entrée de jeu le vrai secret pour parler d’un parfum.
En dehors de tout diktat ou de tout schéma imposé, décrire un parfum passe avant tout par le ressenti, le souvenir et sa façon de l’exprimer.
Commence alors un vrai travail de mémoire et de voyage intime qui ne peut s’ancrer qu’en le partageant.
En exprimant ses ressentis et ses souvenirs, on se connecte à ceux des autres qui viendront valider ou non ce que l’on sent ou ressent pour cette odeur.
Ainsi, la seule question à se poser dès que l’on sent une odeur ou un parfum, au-delà du « j’aime, je n’aime pas », serait celle-ci : à quoi cette odeur me fait penser, qu’est-ce que je ressens ?
Il est crucial de rappeler que l’exercice est subjectif et que la mauvaise ou bonne réponse n’existe pas, mais le collectif nous permet d’être aguerri et d’achever l’apprentissage dans un cadre rassurant. Le voici.
LES OUTILS POUR DECRIRE UN PARFUM, C’EST COMME UN CADRE QUI VIENT ENTOURER LE TABLEAU DES EMOTIONS OLFACTIVES
Pour aider à savoir ce que sent un parfum, un accord ou une matière première, les professionnels du parfum ont créé un certain nombre d’outils comme les familles olfactives ou la pyramide olfactive.
Les familles olfactives permettent de classer les parfums par catégorie pour pouvoir décrire leurs principales odeurs.
Tandis que la pyramide olfactive est un outil marketing pensé comme une grille de lecture, sous la traditionnelle forme “tête, coeur, fond”.
Le parfum est d’abord décrit par une première impression générale olfactive que l’on appelle “notes de tête”, puis la signature ou l’essence même du parfum est donné par les “notes de coeur” et enfin, les odeurs persistantes qui restent à la fin dans le temps sont les “notes de fond”.
Retrouvez toutes les familles olfactives pour classer un parfum dans notre classification des odeurs.
© Bontemps, par Mathilde Lagarrigue @cestdelapoesie
METTRE DES MOTS SUR UNE ODEUR : LE TRAVAIL PREMIER D’UN PARFUMEUR
Comme pour apprendre une nouvelle langue, apprivoiser son nez demande du temps, de la pratique et de la passion.
Il n’y a ni magie, ni super-pouvoir.
Sauf peut-être celui d’une sensibilité affutée. Pour composer un parfum, il faut d’abord savoir en parler. Le travail premier d’un parfumeur est celui de mettre des mots sur une odeur.
Comment faire concrètement ?
Tout simplement, sentir et noter tout ce que l’on ressent sur l’odeur en question, sans le moindre jugement ni la moindre critique qui risquerait de briser le processus d’apprentissage.
L’effort se trouve dans l’écoute de sa propre sensibilité et de sa mémoire. Car, au contraire des autres sens, le sens olfactif est le seul à être directement connecté aux deux parties du cerveau responsables des émotions et des souvenirs.
CHEZ BONTEMPS, NOUS VOULONS PRENDRE LE PARFUM PAR LES SENTIMENTS
Bontemps est né de l’envie de partager une parfumerie de passion - des créateurs aux fabricants - et de transmettre son langage de façon humble et vraie.
Nous voulons mettre des mots sur le parfum qui soient plus parlants qu’une matière première, plus universels et donc plus proches de vous.
Nous voulons explorer la palette des sentiments avec lesquels nous pourrions rendre accessible le langage des odeurs, si complexe et impalpable.
Transmettre « ce que ça sent » par les émotions, les sentiments, les sensations et les ressentis, pour vous aider à mieux comprendre le parfum et goûter au plaisir de sentir.
Si le parfum pouvait parler, si nous pouvions le goûter, nous aimerions qu’il nous raconte ses odeurs simplement, avec le coeur.
Comprendre le savoir-faire de l’olfaction avec un nez
Rencontre avec les savoir-faire sensoriels. Ici, celui de l’olfaction, avec Florian Gallo, parfumeur-créateur dans l’une des plus exigeantes maisons de composition de parfum, dsm-firmenich.
Un savoir-faire, c’est un tour de main.
C’est « une habileté manuelle ou intellectuelle, une compétence acquise par l'expérience, par l’apprentissage dans l'exercice d'un métier, d’un art, d’une discipline », nous explique le dictionnaire.
Dans le cas de l’olfaction, on aime effleurer l’idée d’un savoir-faire sensoriel, lié au sens de l’odorat, au « nez ». C’est le « savoir sentir ».
C’est savoir exprimer par les mots les ressentis que nous procurent une odeur, comme on exprimerait les arômes d’un vin ou les saveurs d’un plat.
Rencontrons aujourd’hui un fin connaisseur de l’olfaction, Florian Gallo, parfumeur-créateur dans l’une des plus exigeantes maisons de composition de parfums à Paris, dsm-firmenich, pour apprécier cette première mise en bouche, aussi spontanée que soignée, du savoir-faire de l’odorat.
AGENDA
Comment fais-tu pour te connecter au monde ambiant, aux odeurs ?
Est-ce qu’il y a une technique ou des bonnes pratiques pour savoir sentir ?
As-tu un exemple à nous partager ?
Pourquoi c’est différent pour un parfum ?
Comment sentir des matières premières quand on n’est pas du monde de la parfumerie ?
Est-ce qu’on peut s’entraîner à sentir avec une ambiance, un environnement olfactif dans lequel on vit au quotidien ?
© Bontemps • Photographie par Mathilde Lagarrigue
LE SAVOIR-FAIRE DE L’OLFACTION, QU’EST-CE QUE C’EST ? EST-CE UN DON OU TOUT LE MONDE PEUT APPRENDRE A SENTIR ?
Florian Gallo : Tout le monde pense que c’est un don, mais, ce n’est pas un don du tout. Tout le monde a la capacité de savoir sentir. L’olfaction est un savoir-faire qui s’apprend, qui se travaille, qui se développe.
Au départ, ça commence tout simplement par une envie. Et puis, pour arriver à déchiffrer les odeurs, les parfums, la qualité principale avant toute chose est la sensibilité. Si l’on dispose d’une personnalité sensible, on sera plus alerte et plus facilement connecté au sens olfactif dans sa vie. Il y a un aspect un peu méditatif aussi. En se concentrant vraiment dans le moment présent, on devient beaucoup plus ouvert et plus conscient des odeurs autour de soi.
Finalement, les deux qualités les plus essentielles au savoir-faire de l’olfaction, selon moi, c’est premièrement, la sensibilité, l’ouverture d’esprit, le fait de prendre le temps de se connecter au monde ambiant avec toutes ses odeurs, et deuxièmement, ce travail de concentration, cette volonté d’apprendre.
CONCRETEMENT, COMMENT FAIS-TU POUR TE CONNECTER AU MONDE AMBIANT, AUX ODEURS, JUSTEMENT ?
F.G : Je le fais de façon inconsciente. Je pense que mes collègues parfumeurs le font aussi. On est sans arrêt en alerte vis-à-vis du monde ambiant, des odeurs qui nous entourent, des odeurs que l’on peut sentir tous les jours. Le matin par exemple, je me réveille et je sens tout, du dentifrice au gel douche. Je remarque certains matins que je vais mieux sentir ou sentir de façon plus puissante que la veille. Ça relève de l’habitude, d’une routine quotidienne, un peu comme un scroll sur les réseaux sociaux.
Et après, le secret pour « savoir sentir » est de se servir de sa mémoire et de ses émotions. Ce que l’on nous apprend dans les écoles de parfumerie, dans mon cas, à l’ISIPCA à Versailles (Institut Supérieur International de la Parfumerie, de la Cosmétique et des Arômes) ou dans l’école interne d’une maison de composition de parfums à Grasse, c’est être capable d’associer un souvenir, une émotion, aux odeurs que l’on sent, que l’on apprend et de les exprimer en détail.
EST-CE QU’IL Y A UNE TECHNIQUE OU DES BONNES PRATIQUES POUR SAVOIR SENTIR ?
F.G : Il y a plein d’apprentissages et de méthodes différentes pour apprendre les odeurs. Celle que j’ai apprise, qui est le travail d’un parfumeur, d’un élève parfumeur, et qui est aussi la plus réputée, c’est la méthode d’olfaction par Jean-Carles.
Jean-Carles était un parfumeur grassois très reconnu, au temps de la parfumerie du début du 20° siècle. Il était aussi un grand professeur et pédagogue puisqu’il a créé des théories et des bonnes pratiques pour exercer le savoir-faire olfactif de façon quotidienne et pour apprendre le métier de parfumeur dans la création de formules de parfum.
La méthode Jean-Carles pour apprendre à mémoriser les odeurs et les classer est finalement assez simple. Ça consiste en un tableau à double-entrée. D’un côté, il y a les colonnes « familles olfactives » qui vont permettre de classer les matières premières de la parfumerie par catégorie : fleurs, bois, agrumes, etc. De l’autre côté, il y a les lignes « études », qui correspondent aux matières premières étudiées. Dans chaque étude, on aura forcément une fleur, un bois, un agrume, etc.
L’idée, c’est d’abord de remplir toutes les lignes du tableau, et ensuite de sentir les matières premières de chaque colonne, donc de chaque famille olfactive, pour apprendre à les différencier entre elles. C’est ce qu’on appelle l’olfaction par contraste ou par comparaison.
Dans l’école à Grasse où j’étais, mon professeur m’avait conseillé et demandé de rattacher chaque odeur qu’on étudiait à un souvenir, un ressenti, une émotion. On commence comme ça à sentir, avec des souvenirs et des émotions. Après, plus on avance dans l’apprentissage, plus on va être, au fur et à mesure, capable de rentrer dans le côté technique.
AS-TU UN EXEMPLE A NOUS PARTAGER ?
F.G : Il y a une odeur qui me frappe encore aujourd’hui, c’est l’huile essentielle de citron. C’est la première matière première que j’ai appris à sentir. Ce qui m’était venu à l’esprit la première fois, c’était : « ah ça, ça me fait penser aux bonbons citronnés qu’on prend quand on a mal à la gorge », ce côté très acidulé, très bonbon, un peu « Drill ».
Et aujourd’hui, ce sentiment n’a pas changé pour moi, même si j’ai acquis du savoir-faire au fur et à mesure des années. Pour moi, l’odeur de l’huile essentielle de citron, c’est toujours ce sentiment de pastille un peu médicamenteuse, la pastille que je prends quand j’ai mal à la gorge. Mais qu’est-ce qui définit cette émotion, cette sensation ? Car une fois que l’on apprend que l’odeur de citron nous fait penser à « ça », la question suivante est de se demander : « comment, maintenant, je vais différencier le citron de l’orange dans la famille des agrumes ? ».
Par exemple, quand je sens l’odeur de citron, j’ai cette sensation d’acidulé. Pourquoi ça me rappelle ce bonbon-médicament là, parce que c’est acide. Alors que pour l’orange, l’odeur se rapprocherait plus d’un côté « pulpe », ça donne l’impression de la pulpe d’orange, le côté juteux, le côté sucré de l’orange.
En fait, ce qui est intéressant dans le monde de l’olfaction, c’est qu’il n’y a pas vraiment de vocabulaire lié à l’odeur. Les seuls mots « repères » que nous avons, ce sont les familles olfactives. On va se demander : « est-ce que c’est une fleur ? un agrume ? un bois ? ». Mais après ? Il existe tellement d’odeurs de fleurs, de bois ou d’agrumes différentes. C’est à cette étape-là qu’on va commencer à aller dans le détail. Car, pour décrire et exprimer plus précisément une odeur, on va utiliser des mots, qu’on appelle « descripteurs » qui sont liés à l’image, au toucher, au goût, qui sont liés aux autres sens. On ne va pas vraiment utiliser un vocabulaire spécifique de l’odeur, mis à part les noms techniques des molécules. Si je parle d’une odeur verte, fraîche, d’herbe coupée, c’est plus parlant que de dire du « cis-3-hexenol ». Mais, ça, c’est si on veut devenir parfumeur ou travailler dans le savoir-faire de l’olfaction.
C’est comme ça que, petit à petit, jour après jour, mois après mois, on développe un vocabulaire lié à l’odeur. C’est en allant dans ce genre de détails qu’on va se perfectionner. En fait, sentir, ça fascine tout le monde, mais à force de faire l’exercice, ça se fait assez facilement, bien que ça prenne du temps.
Après, je parle uniquement d’un point de vue matière première, car pour un parfum, c’est différent.
© Bontemps • Photographie par Mathilde Lagarrigue
POURQUOI C’EST DIFFERENT POUR UN PARFUM ?
F.G : C’est différent parce qu’un parfum, c’est quoi ? Un parfum, c’est un mélange de matières premières, de molécules, qu’elles soient naturelles ou reconstituées, et c’est ce mélange qui donne une composition parfumée complexe. Un peu comme le vin.
Sentir un parfum peut dérouter beaucoup de personnes. On va se dire « ouais, j’aime bien mais je ne sais pas pourquoi j’aime bien ». Et c’est normal. Parce qu’il y a une multitude de matières premières dedans. Il faut avoir un niveau d’expertise assez haut, en tout cas beaucoup de pratique, pour savoir décrire ou reconnaître un parfum.
Par exemple, si vous avez senti un « Shalimar » (Guerlain), c’est un accord typique de l’ancienne parfumerie, un accord de notes ambrées, un accord de base que vous allez potentiellement, avec beaucoup de pratique, ressentir dans d’autres parfums.
D’un point de vue plus simple et didacticiel, « savoir sentir » commence par la matière première avant le parfum. Car vous allez commencer à reconnaître certaines matières premières que vous aurez déjà senti, et ça deviendra de plus en plus simple de sentir un parfum. Vous allez, par exemple, reconnaître le côté acidulé du citron, la note sucrée de l’orange. Ça, ça va vous aider à dévisager un parfum, à retrouver ses différentes facettes, et aussi à savoir quelle matière première vous aimez.
Comme si vous aviez un puzzle déjà formé devant vous et que vous appreniez d’abord chaque pièce de ce puzzle et comment elles s’emboîtent. En commençant par sentir la matière première, c’est comme si on commence par sentir chaque pièce du puzzle, et ça sera beaucoup plus simple pour décrire le puzzle final, parce que vous allez comprendre comment décrire chaque pièce du puzzle qui constitue l’ensemble.
MAIS COMMENT SENTIR DES MATIERES PREMIERES QUAND ON N’EST PAS DE CE MONDE-LA ?
F.G : C’est complexe, c’est vrai. Mais, il y a quand même des choses de tous les jours qui sont possibles à sentir et qui peuvent facilement nous aider à pratiquer l’olfaction.
Par exemple, c’est simple de sentir des agrumes parce que ce sont des matières premières dont on peut avoir facilement l’accès au quotidien et qu’on va utiliser en parfumerie.
En ce moment, c’est la saison des clémentines et des oranges. Vous pouvez vous amuser à gratter la peau d’orange ou de clémentine, c’est là que se trouve l’huile essentielle que vous pouvez sentir. Puis, mémoriser que l’orange, ça sent « ça » pour vous. En parfumerie, on va littéralement utiliser cette huile essentielle dans la composition d’un parfum.
En cuisine, on a aussi les épices par exemple. On peut s’acheter des épices ou aller dans une boutique à épices car toutes les épices que vous allez voir, la plupart sont utilisées en parfumerie : le poivre rose, le poivre noir, la cannelle, la cardamome, la vanille… Et on peut commencer tout simplement par là. J’ai commencé par là aussi.
© Bontemps
EST-CE QU’ON PEUT S’ENTRAINER A SENTIR AVEC UNE AMBIANCE, UN ENVIRONNEMENT OLFACTIF DANS LEQUEL ON VIT AU QUOTIDIEN ? PAR EXEMPLE EN CE MOMENT, ON RENTRE DANS L’HIVER ET ON COMMENCE A SENTIR UN PEU PARTOUT L’ODEUR DES MARRONS CHAUDS, GRILLES, DANS LA RUE.
F.G : Oui, c’est aussi ça. Si on n’a pas le temps de sentir les matières premières naturelles avec les épices, les agrumes ou autre, il y a aussi cet exercice, plus cérébral, lié à la mémoire, de se dire : « à quoi cette odeur me fait-elle penser ? ».
Quand on se retrouve devant un parfum peut-être que la première chose à se dire c’est : « ok, j’aime ou je n’aime pas ? ». Ça, de toute façon, c’est indéniablement quelque chose que l’on va faire, inconsciemment et automatiquement, quand on ne connaît pas quelque chose. Si je n’aime pas, je l’écarte et je peux en avoir peur comme je ne l’aime pas. Mais si je l’aime, la question que l’on peut se poser est assez simple : « qu’est-ce qui me plaît là-dedans ? », « est-ce que ça me rappelle quelque chose d’agréable ? », « est-ce que ça me rappelle un environnement que je connais ? ».
Ça peut être ce que tu dis : « ça, ça me rappelle le marron chaud qu’on fait griller dans la rue », ou « ça me rappelle les marrons chauds que cuisinait ma grand-mère ou mon grand-père », parce que, forcément, les parfumeurs l’ont sans doute déjà vécu et ont fait en sorte de retranscrire en odeurs ces sentiments-là dans un parfum. Alors c’est peut-être un peu nian-nian à dire, mais nous, les parfumeurs, comme on est des créateurs d’émotions quelque part, on va traduire ce que l’on a vécu en odeurs, transmettre des émotions dans un flacon. Ça rappelle forcément des émotions les parfums, parce que ce sont des mélanges d’émotions, il y a plein d’émotions dedans.
Après, ça parlera à ceux qui ont vécu la même chose ou pas d’ailleurs. Car finalement, l’émotion ou le ressenti que l’on a quand on sent un parfum, on va se l’approprier, le relier à sa propre vie, à son propre vécu. Par exemple, quand on veut créer une note vanillée, on y met une inspiration et une intention derrière, donc cette odeur va forcément faire rappeler à quelqu’un la crème brûlée que faisait sa grand-mère ou son grand-père ou son cousin, l’odeur du sucre vanillé qu’on utilise pour faire un gâteau, ou l’odeur de son gel douche à la vanille.
Je pense que c’est ça, « savoir sentir », c’est s’ouvrir à ses propres ressentis, à ses propres émotions, à son propre vécu.
QUELQUES HUMBLES CONSEILS POUR S’EXERCER A L’OLFACTION ET METTRE DES MOTS SUR UN PARFUM
Retrouvez nos humbles conseils pour affiner votre sens de l’odorat et vous essayer à la pratique de l’olfaction et de mettre des mots sur une odeur. Une affaire parfois intimidante, mais délicieuse.